52 ans : Le virage d’Hargendorf
Sur les plages du Nordland, les rares individus qui passaient sur la route d’Hargendorf à Dietershafen par cette nuit de plein Lune pouvaient, à condition qu’ils daignent regarder dans la bonne direction et de prêter un peu d’attention, observer un spectacle peu habituel.
Un elfe avait laissé son équipement sur le sable et s’était assit nu dans l’eau, les bras posés sur ses genoux formant un cercle fermer par ses mains, les cheveux se précipitant sur son visage à cause du vent dans son dos. Ainsi, Larandar écoutait chaque son, ressentait chaque mouvement des vagues et du vent, observait chaque nivellement de l’eau et les reflets du Lune sur elle.
Il avait repéré cette plage en escortant une caravane marchande qui passait sur cette route. Et là, les mouettes chantant dans les éclats de la Soleil à son zénith lui donnèrent envie de naviguer. De voler sur les flots jusqu’à se perdre au bout des océans, et peut être même d’apercevoir Ulthuan. Bien sur telle la cité dans Laurelorn, celle-ci ne devait pas être aisé à trouver malgré sa taille.
Toute la nuit, il avait réfléchit là. Et connaissant très bien la taille de sa bourse, avait fini par décider de s’engager sur le premier navire venu, plutôt que jouer les touristes logés dans la calle. Aussi au matin, il se mit en route pour Hargendorf.
* * * * *
Le capitaine lui rit au nez.
« Nan, sans rire ? Vous n’avez aucune formation, ni expériences maritimes, et que vous voulez vous engager dans la marine impériale ? Vous nagez en plein délire. D’ailleurs en parlant de ça, vous savez nager ? Dans l’eau je veux dire.
_Oui, un peu. » Répondit Larandar déçu, et se sentant idiot. « Mais j’avoues que je ne pensais pas qu’il fallais avoir déjà naviguer pour devenir marin de l’empire. Comment recrutez vous vos membres sinon ?
_Oh, ils n’ont pas tous navigué, certains sont nobles ou fils de pêcheur, voir pêcheurs eux-mêmes. Sinon ce sont des soldats de l’empire, ou des petits pirates qui ont préféré s’engager après une durée en prison qu’être pendus. Moi-même c’est comme ça que j’ai commencer, et il y en à pas mal d’autres dans le même cas. » Et il se remis à rire.
« Mais vous savez quoi, mon gars ? N’avez qu’à vous engager sur un navire pirate, ou marchand si vous préférez la légalité. » Il rit de plus belle, et Larandar quitta l’office de la marine pour aller voir sur les quais.
Un seul bâtiment ne semblait pas appartenir à l’empereur, mais il ne semblait ni marchand ni pirate non plus. Larandar décida tout de même d’aller y jeter un coup d’œil. Il s’engagea sur la passerelle sur navire mais fût stopper net par un homme de grande taille, un tricorne comme couvre chef, avec un air solide et déterminer. Pour le plus grand malheur de Larandar, il semblait en l’instant surtout déterminer à ne pas le laisser passer.
« Hep là ! Qu’est ce que tu viens faire par ici, elfe ? »
Larandar s’étonna un moment puis se rendit compte que le vent faisait voler ses cheveux vers l’arrière et découvrait ses oreilles pointues.
« Alors ?
_Et bien, je me demandais si vous accepteriez de me prendre dans votre équipage ? N’importe quel poste fera l’affaire. »
L’homme au tricorne le dévisagea un moment, puis éclata de rire. Larandar commençais à se lasser de voir les gens réagir ainsi à sa demande.
« On dirai que tu cherche à fuir, elfe. Je suis bien tenter de dire non. En fait c’est même ce que je vais faire.
_Pourquoi cela je vous pris ?
_D’abord parce que tu t’exprimes comme un nobliau qui viens de boire son premier verre de rhum. Ensuite parce que tu es ce que tu es. »
Larandar le regarda comme dépourvu de toute émotion à part le désespoir devant la bêtise humaine.
« Merci pour ce détail que j’ignorai jusqu’à présent. » Lui dit il sur un ton ironique. « D’abord mon expression est dû au fait que le Reikspeil est ma deuxième langue et non ma langue natal et qu’en plus j’essaies toujours de m’exprimer avec le plus de politesse possible sauf quand je juge que la situation la rend d’une parfaite inutilité. Ensuite qu’est ce que vous entendez par : “Je suis ce que je suis” ?
_Tu es un elfe. Et moi vivant, ni toi ni aucun de ta race ne montera sur le pont de mon navire. Elfe. »
Il le poussa soudainement, et le fît rouler sur la passerelle jusqu'à ce qu’il atteigne les quais. Larandar dans sa chute, l’entendit rire avec son équipage. Quand il se releva le capitaine lui cria : « Navré mais toutes nos places sont prises. Essayez ailleurs si vous trouvez. » Puis disparu sur le pont et se remis à la tâche. Larandar, humilié, repris ses recherches. Mais au fur et à mesure qu’il ne trouvait rien, il sentit la colère monter en lui, et par un doux hasard, tomba sur une arène de gladiateurs.
Il entra, s’assit dans les gradins et observa. Les combats semblaient être au premier sang même si certains continuaient jusqu’à l’épuisement. Mais il ne vit personne mourir, ni être grièvement blessé. Aussi finit par se décider à s’inscrire. Se disant que ce serai un bon moyen d’évacuer sa rage.
Celle-ci ne fit qu’augmenter lorsqu’il s’aperçu que la file pour les inscription faisait au moins trois brasses de long, et ne semblait avancer qu’une fois toutes les incursions du chaos.
Après une heure, il ne lui restait plus que quelques pieds avant de pouvoir s’inscrire. Mais un avis de recherche cloué au mur parmi tant d’autre attira son attention. Le capitaine moqueur, responsable de ses bosses et de son mal de dos était recherché pour piraterie. L’avis annonçait qu’on offrait dix couronnes pour l’homme, ou le cadavre de l’homme.
Pour la plus grand plaisir de la personne derrière lui, Larandar quitta brusquement la file en s’emparant de l’avis de recherche, et retourna sur les quais.
Quelle chance ! Pensa t-il.
Ce gros imbécile est toujours là.Il sauta sur la passerelle et s’arrêta sans poser pied sur le pont, au même endroit qu’il n’avait pu franchir quelques heures plus tôt. Enfin le gras personnage se décida à se montrer à lui.
« Je croyais avoir été clair, elfe. » Dit-il en tirant son sabre.
« On ne peut mieux. » Répondit l’elfe en décochant sans prévenir une flèche qui alla se loger dans la gorge du capitaine qui suffoqua un moment pendant lequel Larandar éclata d’un rire sadique. Puis le pirate mourut. « Et c’est pour cela que j’ai désormais la possibilité de monter sur votre navire, pour chercher votre cadavre. » Il le dit tel que les membres de l’équipage qui avaient assisté à la scène n’osèrent s’interposer, terrifiés comme si un démon se dressait devant eux.
Larandar dépouilla le capitaine qui n’ait finalement rien de valeur sur lui. Il revendit son équipement pour une vingtaine de couronne. Mais garda le tricorne.
* * * * *
« On l’aurai préféré, capable de répondre de ses crimes devant un tribunal. Que voulez vous qu’on fasse d’un corps de pirate à poil ? » L’homme qui tenait l’accueil du bureau de la milice répugnait à comparer le visage du capitaine défunt qui gisait à terre avec celui du portrait sur l’avis que lui avait remis un elfe, également porteur de la carcasse inanimée qui gisait sur le sol. Visiblement le chasseur de prime s’était amuser à le dépouiller jusqu’aux vêtements qu’il portait et à la flèche qui lui avait percé la nuque. Il rechignait également à lui offrir sa récompense.
« Ca n’est pas mon problème. Si vous ne vouliez pas de son cadavre, il ne fallait pas marquer mort ou vif sur l’avis de recherche.
_Ouais on me dit ça à chaque fois… voila ce que vous êtes venu chercher. » Il lui lança une bourse avec une dizaine de couronne. « Maintenant il va falloir trouver quoi faire du bateau et de son équipage. La milice est partie les maintenir à quai.
_Pour ça aussi j’ai ma petite idée. »
Le lendemain il se rendit au bateau. Et s’aperçu que celui-ci n’avait pas de nom. Sur le pont, les miliciens avaient rassemblé les neufs membres que comptait l’équipage. Larandar s’approcha d’eux.
« Bien le bonjour messieurs. J’ai eu le plaisir de persuader le chef local de la marine et le commandeur de la milice de me laisser la capitainerie de ce navire pour aller au large couler ceux de vos anciens collègues. Vous apprendrez à quelques gens qui souhaitent débuter le métier de marin ce qu’ils ont à faire. Nous avons les autorisations nécessaires sur papier, vous et moi sommes désormais une expérience du compte électeur du coin afin de voir si l’on peu lutter contre la piraterie par la piraterie. Nous ne sommes donc par rémunérer mais pouvons conserver ce que nous trouverons sur les navires pirates. Je signale pour les lents d’esprit qu’il est en conséquence interdit d’aborder autre chose qu’un navire pirate, et un partie du butin reviendra à l’Empire.»
Un homme s’avança fronçant les sourcils. « Je préfère croupir en taule à bouffer mes orteils, que trahir des camarades en devenant un chien de l’empire ! »
Des cris et des approbations s’élevèrent de l’équipage. Larandar finit par obtenir le silence, et s’approcha de l’homme. Et le pris par l’épaule.
« Bien sur vous avez le droit de refuser… » Il saisit sa dague et égorgea d’un coup l’homme avant de le jeter sur les quais sans le faire passer par la case passerelle. Un milicien lui lança alors une bourse qu’il rattrapa tout en essuyant et rangeant sa dague.
« …Mais si la vie de votre capitaine vaut dix couronnes, je vous laisse supposer combien valent les votre. »
Il se tint de nouveau droit et sourit.
« Qui était son second d’ailleurs ? »
Personne n’osa répondre pendant un moment, puis un homme s’avança timidement le dos courbé : « C’était Reiner monsieur, l’homme que vous venez de lancer part dessus bort. »
Larandar se retourna avec une mimique sur le visage. « Ah ! » Puis il regarda celui qui s’était avancé. « Dans ce cas ce sera toi mon second. A moins que quelqu’un d’autre ne veuille refuser ? »
Un mois plus tard il coulait son quatrième navire sur son bateau qu’il avait appeler : “Fureur vengeresse.”
Là, il est quand même mieux comme ça non ? A plus tard pour l'épisode IV...