Tu sais où tu peux te la carrer ta poursuite?
70 ans : Le verre d’eau
Laeticia s’éveilla au lever du jour, les bras de Larandar autour de sa taille. La sensation de proximité lui était très agréable : elle le sentait respirer, son souffle dans sa nuque, le soulèvement de sa poitrine dans son dos.
Elle se serra un peu plus contre lui, et sourit lorsqu’il se mit à l’embrasser dans le cou, puis à lui murmurer des mots doux à l’oreille. Mais malgré tout elle ne se sentait pas à l’aise, elle se posait un peu trop de question, et elle jugea que le moment était peut être venu de demander des réponses :
« Dit moi. Qu’est ce que tu comptes faire maintenant ? » Elle avait beau être sérieuse, Larandar continuait à l’embrasser, jusqu’à ce qui lui réponde :
« Un bon petit déjeuner, je meurs de faim.
_Non, je voulais dire : à plus long terme, qu’est ce que tu vas faire ?
_Oula, ce n’est pas une question qu’on me pose tous les jours.
_Et qu’elle est la réponse aujourd’hui ? »
Il posa sa tête au creux de son épaule.
« Et bien, je vais sans doute repartir à la recherche de ce mystérieux “Prince Des Voleurs”…
_Et moi ?
_Je pense que je vais te demander ce que tu faisais ici, si tu sais où il est, et après je pense que je vais te demander de m’accompagner. »
La jeune femme se tût pendant un moment, puis se retourna et le pris à son tour dans ses bras.
« Tu me promet de ne pas te fâcher.
_Je vais dire oui mais ça dépendra de ce que tu vas me dire. »
Laeticia ne dit rien à nouveau pendant un moment.
« En fait, j’était une sorte d’otage. Je suis la fille d’une haute personnalité du Talabecland, je devais être échangée contre une forte somme mais mon père a refusé de payer. Alors j’ai du rester ici à faire toutes les tâches dont celui que tu appel “Prince Des Voleurs” ne voulais pas s’acquitter. Je me suis mise à haïr mon père, et à côté de ça… Disons que j’ai eu des sortes de sentiments pour celui qui m’avait montrer quel sorte d’être il était vraiment. Il ne m’a pas tué car il a dit que ça ne serait d’aucune utilité. Après cela, il ne m’a presque plus parlé. Il m’enchaînait quand il partait, et lorsqu’il était là j’avais droit à une liberté restreinte et surveillée. Quand il a vu le combat près de la rivière, il m’a violement frapper avec une masse, et apparemment il s’est enfui en me laissant pour morte. Je connais plusieurs de ses secrets, il ne voulait sans doute pas que je les dévoile à un chasseur de primes.
_Depuis combien de temps es tu ici ?
_Sept ans. »
Il la serra contre lui, et sentit ses larmes couler le long de son dos. Ils restèrent ainsi de longues minutes. Puis Larandar lui dit :
« Ecoute, on va aller à Norderingen, j’ai un vieil ami là bas. Et son petit-fils a toujours su me donner de précieuses informations. Est-ce qu’il y a un moyen de quitter ce pays en évitant les tempêtes ?
_Il y a un passage sous la cabane, avec des pièces à coucher et quelques vivres, tous les je na sais combien de lieues.
_Et jusqu’où va-t-il ?
_Beeckerkhoven.
_Tout de même.
_C’est énormément pratique, on évite toutes sortes d’ennuis possibles. Et je crois qu’il est possible d’y voyager à chaval.
_Oui mais il n’y a plus de chevaux dans l’écurie.
_Ca c’est ce que tu crois. En réalité il n’y en à qu’un seul de près et visible, les autres sont dans une écurie fermé, ne t’en fais pas ils peuvent survivre deux jours sans moi, ils de l’avoine et de l’eau.
_D’accord mais pourquoi le “Prince” n’a-t-il pas pris ce passage ?
_Je n’en sais trop rien, peut être qu’il n’avait pas le temps d’y faire entrer son cheval, ou alors il préférai que tu ignores l’existence du tunnel.
_Peut être. Maintenant préparons nous, -il se leva- nous partons à midi. »
Laeticia découvrit lentement son corps de la couverture avec son doigt et le regarda en souriant.
« T’es sûr ? »
Il sourit à son tour.
« Disons plutôt demain matin. »
* * * * *
Ils entrèrent dans l’auberge, il n’y avait pas grand monde à part un ou deux clients au comptoir et une table d’habitués qui discutait avec la serveuse. Larandar portait un chapeau à large bord sur lequel était attaché une plume de faisan, un morceau de cuir sortait du chapeau pour couvrir sa tête jusqu’au épaule, ne laissant que son visage à découvert. Laeticia quand à elle portait au dessus de ses vêtements la cape de voyage de l’Elfe, elle avait ôté sa capuche et observait chaque coin de l’établissement.
La serveuse les aperçu et quitta la conversation pour venir les saluer :
« Salut Rad ! » Dit elle en déposant un baiser sur la joue de Larandar. « Comme d’habitude, une chambre et une bière ?
_Oui merci.
_Et la demoiselle ?
_Heu… Un verre d’eau. »
Les rires éclatèrent à la table d’habitués, derrière la serveuse qui lui sourit :
« T’as de la chance Axel et moi on ne boit pas pendant le service.
Et où est il celui-là justement ? »Demanda Larandar.
« Il s’occupe du mûrier dans la cour. » Dit elle en les amenant au bar. « Tu peux aller le voir si tu veux. »
Laeticia n’eut pas le temps de lui dire quoi que ce soit que l’Elfe passa au dessus du comptoir, et disparu par la porte de l’autre côté de celui-ci. Elle s’assit timidement, les joues légèrement rougies. La serveuse vida la moitié du contenu d’une bouteille dans un verre et le lui tendit :
« Tiens, ton verre d’eau. »
Les éclats de rire reprirent de plus belle à la table, et le visage de Laeticia vira au pourpre.
Larandar fini par revenir, et s’assit à côté de le jeune femme qui vint immédiatement de réfugier dans ses bras. En remarquant la teinte de son visage, il sourit et vida sa chope.
« Je pense qu’on va aller prendre possession de la chambre. Tu pourrais nous faire monter une baignoire avec de l’eau chaude ?
_Ouaip. » Répondit la serveuse.
Il prit le verre de Laeticia et du presque la porter jusqu'à la chambre. Une fois à l’intérieur, elle se laissa tomber sur le lit et bu son verre d’une traite.
« Je n’imaginait pas que j’aurai pu être autan raillée à cause d’un verre d’eau.
_On sens que tu n’as pas l’habitude des tavernes. » Lui répondit Larandar. Elle le regarda comme si elle voyait là l’évidence :
« Je n’y suis jamais rentré. »
La porte s’ouvrit et la serveuse entra en déposant deux seaux d’eau fumante.
« Rad, Axel est encore occupé, tu veux bien aller chercher la baignoire ?
_Tout de suite. »
Ils sortirent tous deux, mais la serveuse revint quelques secondes plus tard avec deux seaux supplémentaires, et attendit sur le pas de la porte. Laeticia la regarda, et fini par lui demander :
« C’est quoi “Rad” ?
_C’est comme ça qu’on l’appel. » Murmura t-elle en désignant un Larandar absent d’un signe de la tête. « Il est assez connu et redouté dans le coin comme chasseur de primes. Sans conté que la rumeur veux qu’il y en ait également une sur sa tête (je te rassure c’est faux). C’est aussi pour ça qu’il trouve toujours n’importe quel moyen de dissimuler son appartenance à la race des Elfes, on n’en voit pas beaucoup par ici. Il nous a gâté aujourd’hui, ce chapeau est ridicule. »
Laeticia se remis à rougir, c’était elle qui avait offert ce chapeau à Larandar, le trouvant original.
« Ben tient, quand on parle du Bestigor, on en voit la corne qui dépasse. » Larandar arrivait en effet en faisant rouler la baignoire jusqu’à la chambre où il la laissa tomber.
« T’es vraiment un flemmard, tu ne pouvais pas la porter et la poser délicatement ? » Dit elle en vidant les seaux. Et sortit de la chambre puis revint avec quatre autres seaux qu’elle déversa comme les précédents dans la baignoire. Enfin elle les salua et quitta la chambre en fermant la porte derrière elle.
Larandar commença à se déshabiller, puis alla chercher dans une petite malle, un savon et une serviette. Il les déposa près de la baignoire et pris place à l’intérieur, il fut rapidement rejoint par Laeticia qui vint reposer sa tête sur son torse. Ils restèrent ainsi un bon moment à profiter de la chaleur de l’eau et à se reposer de leur long et difficile voyage.
Tout à coup la porte s’ouvrit, et un homme apparu poussant des exhortations d’allégresse en montrant les bouteilles qu’il tenait dans ses mains. Il fut rapidement imité par Larandar qui ne semblait pas tenir compte des cris suraigus de surprise et d’horreur de Laeticia, qui se recroquevilla sur elle-même : les genoux aux épaules et les bras entourant et serrant ses jambes contre elle. Son visage, déjà empourpré par les vapeurs de l’eau, état devenu écarlate.
« Ben quoi ? » Dit l’homme. « J’ai pas le droit de venir boire un coup avec un collègue ?
_Pas quand on est encore nus ! » Hurla t-elle en pressant un peu plus ses jambes contre elle. Larandar riait à s’en étouffer.
« Oh si ce n’est que ça… Je vois Melissa dans le même état que toi tous les soirs. Et Rad, ben disons qu’on s’est déjà retrouver dans des situations où… Voila quoi. »
Larandar parvint à s’arrêter de rire, elle lui lança un regard interrogateur, et sans semblé gêné d’aucune sorte lui promit de lui expliquer une prochaine fois.
« Laeticia, je te présente Axel Winter, et ce qu’il tient dans ses mains à intérêt à être du moretum fait maison.
_Un peu ! Et du bon avec ça. » Renchérit Axel tout en serrant le poignet de Larandar. Laeticia pris le temps de l’observer un peu. C’était un homme assez jeune apparemment, de taille moyenne, avec les cheveux bruns et avec des yeux d’un gris-bleu profond.
« Et Melissa, c’est qui ? » Demanda t-elle.
« La serveuse.
_Et ma femme ! » Finit Axel. « Bon, on va pas y passer la nuit, on la goutte cette cuvée ?
_Je veux. »
Les deux hommes prirent une bouteille chacun, et burent plusieurs lampée. Chacun y alla de son petit commentaire, puis il trinquèrent et continuèrent.
Une fois les bouteilles finies, Axel se leva et se dirigea vers un petit meuble de la chambre, et en sortie une autre bouteille en poussant le même cri que lorsque il était entré dans la chambre, Larandar attrapa son sac et hurla sur le même ton tout en faisant apparaître une autre bouteille de son sac. Ils s’échangèrent leurs bouteilles et burent de nouveau.
Sentant monté en eux les effets de l’alcool, Laeticia s’extirpa du bain en essayant de se montrer le moins possible, et s’habilla avant de sortir dans le couloir. Elle jeta un coup d’œil à la salle commune où il ne restait plus que trois personnes, dont l’un des habitués qui dormait sous la table. Elle décida de visiter l’étage.
Elle tomba plusieurs fois sur des portes fermées, et une fois sur une pièce quasiment vide. Comme elle continuait d’entendre rires les deux ivrognes, elle décida d’aller explorer les appartements des aubergistes. La chambre était plus grande que les autres et un peu mieux décorée, elle aperçu une deuxième porte au fond de la pièce, et s’y dirigea. Lorsqu’elle tenta de l’ouvrir, elle se rendit compte qu’elle était fermée, elle jeta un coup d’œil autour d’elle, et trouva une clef sur le buffet juste à gauche de la porte. Elle l’essaya, la porte s’ouvrit. Elle du se retenir de pousser un cri lorsqu’elle tomba nez à nez avec un vieillard qui semblait tout aussi surpris qu’elle. Il avait les yeux incroyablement enfoncés dans leurs orbites, chaque parcelle de sa peau était recouverte de petites taches brunes et son visage était tellement flasque et ridé que l’on pouvait deviner la forme de son crâne sous sa peau. Les rares cheveux qu’il lui restait étaient d’un blanc sale et longs jusqu’au dessus des épaules. Des manches de sa vieille chemise à carreaux sortaient des mains pâles et squelettiques. La patrie inférieure de son corps était recouverte par des couvertures.
« Qui êtes vous ? » Parvint à articuler Laeticia prise de stupeur. Le vieil homme continua à la regarder tel un chien mourrant, puis essaya de se redresser mais s’écrasa dans les coussins. Il finit cependant par lui répondre :
« Samuel Winter. »
Lun 7 Avr - 22:43
